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Un étrange mal contagieux : L’IN-COMMUNICATION 1

Publié le 28 octobre 2015 par pmx

Une étrange maladie frappe l’hexagone. Elle sévit en ciblant l’atypique monde des politiques, et tout spécifiquement les tacticiens, les ténors de la stratégie et de la communication obsolète. Le genre politicien praticien est le seul  épargné de cet écosystème insondable. Elle est massivement contagieuse et assimilée à une possible maladie professionnelle. Probablement, ce drame épidémiologique est né avec la professionnalisation organisée des politiciens.

Ce mal s’exprime sous la forme d’un déficit sensoriel  global et gravissime. Toutes les fonctions sont touchées : la vue, l’ouïe, l’olfaction, le toucher, le goût.

Sa particularité est troublante pour le monde de la recherche qui l’explore sous un regard transdisciplinaire, et s’associe pour décoder l’ère « Polithique ». En effet paradoxalement le malade est passivement atteint et survit aux symptômes spécifiques qui l’affectent, seul l’entourage en est la victime indirecte, massivement, et exprime une souffrance croissante et insoutenable.

Nous allons tenter de mieux comprendre  toute la sémiologie de cette pathologie sensorielle unique et comment aborder son traitement.

La vue s’avère la première cible touchée. Le malade  présente un champ de vision rétrécit à l’origine d’une gouvernance à vue, dans un court-termisme  désastreux. Une défaillance de la perception des couleurs s’installe. Il propose une vision en rose2, et l’entourage navigue dans une grisaille quotidienne insoutenable. Il « ne voit pas ce que nous voyons » dirait Pierre Manent3. Il est atteint d’un trouble majeur de l’accommodation. Cependant il adore être vu, revu, se voir, se re-voir, mais ne peut pré-voir.

Ensuite l’audition est altérée à son tour. Le malade atteint de ce mal atypique voit son acuité auditive s’effondrer  de façon aiguë. Il ne perçoit plus les  propositions innovantes, positives et futuristes de son entourage condamné à ne plus être entendu, et non écouté. Cependant dans cette ambiance dé-connectée, une fois encore le malade aime à s’entendre et être écouté. Il demeure dans une conception orale verticale, unilatérale, académique, monolithique, archaïque, dépendante des armadas de communicants injectant leurs toxines sur toutes les cibles médiatiques postmodernes, à l’origine de cet échange pathologique et de cette pandémie. Aussi  il expectore une logorrhée en salves répétées, programmées, clonées, à la sonorité caverneuse et au contenu incompréhensible, inexplorable et indescriptible. Son discours de GAFArise. (GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon). Il émet sans réception.

L’olfaction suit la même voie, le malade ne sent plus le parfum vital  de la quotidienneté basique, et  commune. Il  nous impose une vaporisation  style « Passage d’Enfer », alors qu’il se distille le parfum «  Au Paradis ».

Le toucher, est perturbé, le malade n’ose pas le contact direct, trop risqué pour sa Santé politique. Il préfère pérenniser un contact  au sein de sa communauté, de son clan, de ses réseaux, afin de mieux s’immuniser contre un entourage à haut risque social. Le paradoxe est ici à son acmé, il est intouchable, pas question de toucher à son statut, ses fonctions démultipliées, consenties, confuses, consensuelles, compilées, incomprises. La french politic « touch »  impacte désastreusement notre environnement sociétal.

Enfin le goût est totalement anéanti. Seul persiste celui du pouvoir dans une forme exacerbée, absolue. Il évolue dans une spirale consumériste politique infernale. Celle du «toujours plus », et du jamais ça me suffit. Le malade sombre dans l’addiction, ou le pouvoir devient sa seule et unique drogue, faisant sombrer ce dernier dans une dépendance médiatico-politique, toujours délétère pour l’entourage. II pétrit sans cesse les strates de son millefeuille densifié à la crème des multiples mandats.

L’observation recueillie, l’ensemble des signes pathologiques colligés, orientent de façon pathognomonique vers le  diagnostic  de l’in-communication contractée  sur la canopée du pouvoir,  maladie transmissible, et risquée pour la savane citoyenne.  L’idéal thérapeutique serait une mise en quarantaine des éléments contaminés afin de maintenir la qualité de vie de l’ensemble de la population, ô combien soumise à cette épidémiologie hexagonale. En effet, le patient touché par ce mal involue dans une dépendance transmissible.  Il ne peut plus : pré-voir, pré-dire, pres-sentir, se re-connecter pré-tendre.

Les recherches ont avancé de façon vertigineuse car il y avait urgence pour la survie  citoyenne. Le Prix « Rebelle » 2015 vient d’être décerné collectivement à la Société Civile. Le virus de la Politique  initialement  commensal, vient d’être identifié. Il colonisait depuis nos origines en symbiose totale tout le biotope social de la « cité ». Une mutation pathogène s’est opérée au fil de notre Histoire. L’agent virulent est  devenu hautement contagieux sur les cimes du pouvoir, abritant et protégeant une variante dénommée : Homo « politicus », véritable drame anthropologique contemporain. Des facteurs intrinsèques reconnus facilitent la diffusion de ce mal  au sein de cette  seule et unique  profession ne nécessitant ni compétence, ni diplôme, ni ordre professionnel, ni résultat, ni responsabilité.

Un protocole thérapeutique standardisé semble se dessiner à l’horizon 2017. Les grandes lignes sont déjà diffusées, il est prôné : l’éviction  professionnelle, une réorganisation des statuts   de l’espace politique, une formation anticipée et continue sur le terrain de la quotidienneté commune, un reclassement professionnel accompagné, pédagogique avec immersion aléatoire dans le monde associatif et collaboratif ô combien vital, impliqué, essentiel pour notre existentiel, après obtention des diplômes basiques. L’empathie sera le dénominateur commun de cette thérapie ciblée.  Cette stratégie est validée  de façon collégiale et assurera le retour à une  homéostasie sociale primitive responsable.

« Alors Osons ! »4 redéfinir notre biotope Politique commun et  collectivement, pour ne pas nous diriger vers « l’abîme »5 dirait Edgar Morin.

Ne validons pas un état de soumission6, en cours d’Orwellisation7, sans pré-vision.

Le temps passe, la France trépasse, élevons-nous d’urgence8.

Patrick Moureaux

Bibliographie :

1. Dominique Wolton : La Communication, les Hommes et la Politique,  CNRS éditions, coll. « Biblis », sept. 2015.

2. Jean-Gabriel Causse : L’étonnant pouvoir des couleurs, édition du Palio,            2014

3. Pierre Manent : Situation de la France, éditions Desclée de Brouwer, 2015.

4. Patrick Moureaux : ALORS OSONS !  éditions Amalthée 2012.

5. Edgar Morin :   Vers l’abîme, éditions de l’Herne  2007.

6. Michel Houellebecq : Soumission, Flammarion, 2015.

7. Georges Orwell :1984, Folio

8. Robin Renucci, Bernard Stiegler : S’élever d’urgence !, éditions de   l’attribut, juin 2014.

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