La météo-sensibilité de l’être humain représente une notion ancestrale remontant à la nuit des temps originels. L’Homo sapiens est un animal de la chaleur, il est né sous le soleil africain il y a 200000 ans. Epoque à laquelle il exprimait déjà un comportement migrateur impulsé par le soleil. La chaleur se définit comme un véritable besoin physiologique ancré dans notre génome depuis nos origines, à l’instar de la faim et de la soif. Cet élément naturel a façonné notre potentiel adaptatif, et a sculpté notre morphotype au gré des alternances entre les périodes chaudes et les cycles glaciaires.
Nous évoluions alors, soumis aux conditions climatiques dans un rapport originel, intimiste, naturel, et vital. Aujourd’hui notre lien météorologique est décalé, dé-connecté, culturel, artificiel, ludique voir addictif. La météo vampirise notre quotidien au sein des médias : papier, TV, radio, web, réseaux sociaux, etc …Notre espace informatif est sollicité en non stop par la météo, impacté par les techniques de neuro-marketing, influençant ainsi nos projets dans l’heure aussi pluriels soient-ils. Nous sommes devenus lentement et insidieusement dépendants de la figuration de la météo en temps « T » et 24/7.
Une véritable ligne Maginot solaire, imprimée par la Loire et exprimée par les médias va cliver les adeptes de la météo en Nordistes et Sudistes !
Jour de soleil, tout est lumineux, nous sommes : joie, optimisme, vitalité, dépense, asymptomatique, et vous êtes plutôt Sudiste.
Jour de pluie tout est noir, nous sommes : dépression, pessimisme, apathie, restriction, douleur, et là vous êtes Nordiste. Il est classiquement connu, diffusé de façon mimétique et contagieuse par les médias que la dépression arrive par l’Ouest. Cependant les cartes de Météo France démontrent que le nombre moyen d’heures d’ensoleillement par an de la Bretagne sud se rapproche de celles du sud : 2200 contre 2600.
Humeur, consommation, santé, performance vont subir la dure loi de la météo, qui transparait en toile de fond de notre quotidien et dessine ainsi nôtre paysage professionnel, personnel, et médiatique. Des organismes évaluent les risques inhérents à certaines professions tributaires des aléas voir des changements climatiques par le biais des lois mathématiques, notamment la thèse d’Erwan Koch :
http://www.scor.com/images/stories/pdf/library/actuarial-prize/2014_fr_thesis_erwankoch.pdf
Nous ne pouvons valider un choix de voyage sans la bénédiction de la déesse météo en cliquant sur l’évangile météorologique. Chaque église météo prêche dans toutes les paroisses médiatiques, nouvelle religion consumériste contemporaine. Les médias surfent sur la vague météo affichant au plus grand nombre des addicts des images pertinentes assurant la connexion pathologique pérennisant ainsi une véritable dépendance comportementale des temps postmodernes.
Patrick Moureaux