Julien GREEN écrivait : » Le livre, est une fenêtre ouverte sur l’évasion »
Alors osez !
Publié le 11 février 2021 par pmx
Publié le 11 février 2021 par pmx
Publié le 03 février 2018 par pmx
La « désynchronisation » temporelle et éthique entre l’Humain, notre apprentissage chrono-biologique, le politique, l’intelligence artificielle, sera génératrice :
Alors :
LA GUERRE DES INTELLIGENCES, Dr Laurent Alexandre, Editions JC Lattès 2017
JE CHERCHE Á COMPRENDRE, Joël de Rosnay, Editions les liens qui libèrent, 2017
LE GRAND ACCÉLÉRATEUR, Paul Virilio, Editions Galilée, 2010
Publié le 08 août 2017 par pmx
Le un, hebdomadaire généraliste porte aux nues la Peau sous la houlette de son rédacteur en chef, Eric Fottorino. Elle est déshabillée dans le N° 165 du 2 août sous un regard transdisciplinaire, pour le plaisir des lecteurs. La Peau est un organe majeur, darwinien, fonctionnel, protecteur et révélateur de notre complexité tant physiologique que psychologique.
En tant que Dermatologue, je n’ai eu de cesse d’observer la Peau, organe essentiel et existentiel, sous un prisme transdisciplinaire en associant le regard :
J’ai publié sur cette thématique :
Au sein de la société française des sciences humaines autour de la Peau, nous travaillons dans ce sens et organisons une fois par an un forum intitulé : Peau et société.
L’idée de consacrer un N° à cette thématique a retenu toute mon attention, et je vous en suis reconnaissant, mais c’eût été tellement complémentaire de proposer la rédaction d’un article au dermatologue, praticien de la Peau qui la côtoie au quotidien dans toute sa complexité.
Publié le 02 mai 2017 par pmx
Monsieur Macron,
« La difficulté fondamentale d’exister du genre humain n’a guère changé et reste un sujet éternel » écrivait Gao Xingjian, prix Nobel de littérature. Nous ne souhaitons pas nous propulser vers « l’abîme » dirait Edgar Morin ou l’apoptose de notre espèce à l’image de la thèse sur l’effondrement argumentée de Jared Diamond. Je vous invite à une lecture Darwinienne, anthropo-sociologique de notre rôle dans une gouvernance politique contemporaine et future, en l’adaptant aux contraintes d’un biotope politique dégradé. L’heure n’est pas à la fossilisation prématurée, mais à redéfinir notre place dans le pilotage de notre quotidien aussi pluriel soit-il.
La confiance doit être synthétisée à la base, au sein de la diversité de la savane citoyenne innovatrice afin de façonner en toute cohérence un projet de vie salvateur pour le Citoyen Sapiens des temps postmodernes. Nous sommes soumis aux forces de la girouette changeante et nous n’optons jamais pour une stratégie durable. Nous restons dans une gouvernance académique, monolithique, verticale, mimétique, éphémère, génétique, clanique, intéressée, électoraliste. Notre défi est multiple : écologique, démographique, économique, lutte contre les idéologies politiques et religieuses, xénophobes et discriminatoires. Nous devons re-lier les acteurs de notre quotidien afin de re-définir un projet collectif symbiotique. Bannissons : défiance, méfiance, divergence, opposition, la non reconnaissance et construisons. Ces attitudes ne coagulent pas « l’être ensemble », il nous faut tracer notre « voie » collectivement, et apaisés!
Le politique est une entité clonée, momifiée et fossilisante, alors que le citoyen est une vérité vivante co-évolutive, in-finie, dotée d’une symbolique complexe infinie, avec une capacité actuelle auto-évolutive dans un environnement naturel, artificiel, Historique, et cyber-culturel. C’est élémentaire, seuls nous sommes que particules, c’est dans la reliance que naît le parfum de notre existence, essence de notre co-évolution. Investissons nous dans une réflexion consensuelle, le « politicien tacticien » doit cesser de fossiliser le sapiens-citoyen innovateur et vibrionnant, afin que celui-ci puisse évoluer dans un monde libéré.
Les trois coups du brigadier vont retentir sur la scène hexagonale, annonçant la dernière représentation de votre « théâtre joué ». Votre texte que j’intitulerais : la Métamorphose, sera bientôt choisi, affiché dans le « théâtre vécu » de notre quotidienneté. Nous étions spectateurs silencieux hier, demain nous serons des acteurs « embarqués » dirait Albert Camus.
« Ô France ! Terre de gloire et d’amour ! Si l’enthousiasme un jour s’éteignait sur votre sol ! » écrivait Mme de Staël.
« Sans espoir, l’Homme se consume » Dostoïevski.
Soyez au rendez-vous de notre Histoire, et devenez le Laurent Terzieff de la Politique.
Je voterai POUR VOUS.
Croyez-moi être votre observateur et acteur de notre devenir.
Patrick Moureaux
ALORS OSONS! Editions Amalthée
http://editions-amalthee.com/catalogue-livres-editions-nantes/essai/alors-osons/
www.sciencespeau.fr
Publié le 21 janvier 2016 par pmx
Quoi de neuf sous le soleil ? Cette question se justifie devant la foison des écrits sur ce thème. L’originalité de ce livre est de penser notre rapport contemporain anthropologique et sociologique au soleil à travers le regard croisé d’une Littéraire et d’un Dermatologue. La seconde particularité réside dans la double préface menée par des auteurs de renommée internationale : Yasmina Khadra*, écrivain et Michel Maffesoli*, sociologue, témoignant sur ce travail interdisciplinaire.
L’Homo sapiens a tissé un lien intimiste avec le soleil depuis ses origines. Cette relation naturelle a été vitale tout au long de nos pérégrinations darwiniennes. « L’Homo sapiens a sauvé sa peau grâce à sa peau »2. Mais aujourd’hui la marchandisation et la financiarisation du soleil risquent de nous être fatales. L’Homme postmoderne est urbanisé, gadgétisé et déconnecté culturellement de « Mère Nature » dirait Edgar Morin. Nous évoluons dans un rapport solaire consumériste.
Nous souhaitions combiner une démarche transdisciplinaire, à la fois littéraire et scientifique. Les mots voleraient au secours des maux. Ce travail serait en quelque sorte une « bibliothérapie solaire » choisie afin de réinitialiser un rapport naturel au soleil. « La « bibliothérapie » peut représenter une forme de thérapie connectant le corps et la nature. Par cette technique encore peu pratiquée en France, le livre se substitue au médicament. Victor Hugo l’avait déjà évoqué lors de son discours inaugural du congrès littéraire de 1878 dans les propos suivants : « La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire ». La perception sensorielle, émotionnelle de nos besoins physiologiques nous guidera sur la voie rationnelle de nos comportements consuméristes. La lecture de morceaux littéraires ciblés sur des textes solaires, sublimera le plaisir physique risqué.
En somme, ce livre est une invitation à un voyage textuel sédatif qui à son tour propulsera vos pas dans l’espace naturel oublié, que vous allez reconquérir et adopter. Il n’est pas question de se cloîtrer, de se frustrer, bien au contraire, ce sera une évasion spatiale, une résistance temporelle. Notre bibliothérapie solaire fera rayonner à la fois un plaisir neuronal et naturel. « Un autre monde respire » dirait Jean-Claude Guillebaud : celui des mots. Ils distillent une force intérieure thérapeutique, atténuant et redessinant « nos idol@tries postmodernes » tant étudiées par Michel Maffesoli. « Une autre vie est possible, consommer sans se consumer »1
Votre beauté est votre trésor, alors préservez-la comme un étoffe précieuse.
Patrick Moureaux : Dermatologue Praticien Libéral, Docteur en Médecine
Aurélie Palud : Professeure agrégée de Lettres modernes, Docteure en Littératures comparées
1 Patrick Moureaux, Aurélie Palud : L’étonnant pouvoir du Soleil, éditions du Palio 2016
2 Patrick Moureaux : Le soleil dans la Peau, éditions Robert Laffont, 2012
*http://www.yasmina-khadra.com/
*http://www.michelmaffesoli.org/
Publié le 28 octobre 2015 par pmx
Une étrange maladie frappe l’hexagone. Elle sévit en ciblant l’atypique monde des politiques, et tout spécifiquement les tacticiens, les ténors de la stratégie et de la communication obsolète. Le genre politicien praticien est le seul épargné de cet écosystème insondable. Elle est massivement contagieuse et assimilée à une possible maladie professionnelle. Probablement, ce drame épidémiologique est né avec la professionnalisation organisée des politiciens.
Ce mal s’exprime sous la forme d’un déficit sensoriel global et gravissime. Toutes les fonctions sont touchées : la vue, l’ouïe, l’olfaction, le toucher, le goût.
Sa particularité est troublante pour le monde de la recherche qui l’explore sous un regard transdisciplinaire, et s’associe pour décoder l’ère « Polithique ». En effet paradoxalement le malade est passivement atteint et survit aux symptômes spécifiques qui l’affectent, seul l’entourage en est la victime indirecte, massivement, et exprime une souffrance croissante et insoutenable.
Nous allons tenter de mieux comprendre toute la sémiologie de cette pathologie sensorielle unique et comment aborder son traitement.
La vue s’avère la première cible touchée. Le malade présente un champ de vision rétrécit à l’origine d’une gouvernance à vue, dans un court-termisme désastreux. Une défaillance de la perception des couleurs s’installe. Il propose une vision en rose2, et l’entourage navigue dans une grisaille quotidienne insoutenable. Il « ne voit pas ce que nous voyons » dirait Pierre Manent3. Il est atteint d’un trouble majeur de l’accommodation. Cependant il adore être vu, revu, se voir, se re-voir, mais ne peut pré-voir.
Ensuite l’audition est altérée à son tour. Le malade atteint de ce mal atypique voit son acuité auditive s’effondrer de façon aiguë. Il ne perçoit plus les propositions innovantes, positives et futuristes de son entourage condamné à ne plus être entendu, et non écouté. Cependant dans cette ambiance dé-connectée, une fois encore le malade aime à s’entendre et être écouté. Il demeure dans une conception orale verticale, unilatérale, académique, monolithique, archaïque, dépendante des armadas de communicants injectant leurs toxines sur toutes les cibles médiatiques postmodernes, à l’origine de cet échange pathologique et de cette pandémie. Aussi il expectore une logorrhée en salves répétées, programmées, clonées, à la sonorité caverneuse et au contenu incompréhensible, inexplorable et indescriptible. Son discours de GAFArise. (GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon). Il émet sans réception.
L’olfaction suit la même voie, le malade ne sent plus le parfum vital de la quotidienneté basique, et commune. Il nous impose une vaporisation style « Passage d’Enfer », alors qu’il se distille le parfum « Au Paradis ».
Le toucher, est perturbé, le malade n’ose pas le contact direct, trop risqué pour sa Santé politique. Il préfère pérenniser un contact au sein de sa communauté, de son clan, de ses réseaux, afin de mieux s’immuniser contre un entourage à haut risque social. Le paradoxe est ici à son acmé, il est intouchable, pas question de toucher à son statut, ses fonctions démultipliées, consenties, confuses, consensuelles, compilées, incomprises. La french politic « touch » impacte désastreusement notre environnement sociétal.
Enfin le goût est totalement anéanti. Seul persiste celui du pouvoir dans une forme exacerbée, absolue. Il évolue dans une spirale consumériste politique infernale. Celle du «toujours plus », et du jamais ça me suffit. Le malade sombre dans l’addiction, ou le pouvoir devient sa seule et unique drogue, faisant sombrer ce dernier dans une dépendance médiatico-politique, toujours délétère pour l’entourage. II pétrit sans cesse les strates de son millefeuille densifié à la crème des multiples mandats.
L’observation recueillie, l’ensemble des signes pathologiques colligés, orientent de façon pathognomonique vers le diagnostic de l’in-communication contractée sur la canopée du pouvoir, maladie transmissible, et risquée pour la savane citoyenne. L’idéal thérapeutique serait une mise en quarantaine des éléments contaminés afin de maintenir la qualité de vie de l’ensemble de la population, ô combien soumise à cette épidémiologie hexagonale. En effet, le patient touché par ce mal involue dans une dépendance transmissible. Il ne peut plus : pré-voir, pré-dire, pres-sentir, se re-connecter pré-tendre.
Les recherches ont avancé de façon vertigineuse car il y avait urgence pour la survie citoyenne. Le Prix « Rebelle » 2015 vient d’être décerné collectivement à la Société Civile. Le virus de la Politique initialement commensal, vient d’être identifié. Il colonisait depuis nos origines en symbiose totale tout le biotope social de la « cité ». Une mutation pathogène s’est opérée au fil de notre Histoire. L’agent virulent est devenu hautement contagieux sur les cimes du pouvoir, abritant et protégeant une variante dénommée : Homo « politicus », véritable drame anthropologique contemporain. Des facteurs intrinsèques reconnus facilitent la diffusion de ce mal au sein de cette seule et unique profession ne nécessitant ni compétence, ni diplôme, ni ordre professionnel, ni résultat, ni responsabilité.
Un protocole thérapeutique standardisé semble se dessiner à l’horizon 2017. Les grandes lignes sont déjà diffusées, il est prôné : l’éviction professionnelle, une réorganisation des statuts de l’espace politique, une formation anticipée et continue sur le terrain de la quotidienneté commune, un reclassement professionnel accompagné, pédagogique avec immersion aléatoire dans le monde associatif et collaboratif ô combien vital, impliqué, essentiel pour notre existentiel, après obtention des diplômes basiques. L’empathie sera le dénominateur commun de cette thérapie ciblée. Cette stratégie est validée de façon collégiale et assurera le retour à une homéostasie sociale primitive responsable.
« Alors Osons ! »4 redéfinir notre biotope Politique commun et collectivement, pour ne pas nous diriger vers « l’abîme »5 dirait Edgar Morin.
Ne validons pas un état de soumission6, en cours d’Orwellisation7, sans pré-vision.
Le temps passe, la France trépasse, élevons-nous d’urgence8.
Patrick Moureaux
Bibliographie :
1. Dominique Wolton : La Communication, les Hommes et la Politique, CNRS éditions, coll. « Biblis », sept. 2015.
2. Jean-Gabriel Causse : L’étonnant pouvoir des couleurs, édition du Palio, 2014
3. Pierre Manent : Situation de la France, éditions Desclée de Brouwer, 2015.
4. Patrick Moureaux : ALORS OSONS ! éditions Amalthée 2012.
5. Edgar Morin : Vers l’abîme, éditions de l’Herne 2007.
6. Michel Houellebecq : Soumission, Flammarion, 2015.
7. Georges Orwell :1984, Folio
8. Robin Renucci, Bernard Stiegler : S’élever d’urgence !, éditions de l’attribut, juin 2014.
Publié le 30 juillet 2015 par pmx
Portrait de Napoléon par Andrea Appiani
Le Pouvoir est-il identifiable et assimilable à une addiction comportementale, comme la cyberdépendance, l’addiction aux jeux et l’addiction solaire ? La réponse est oui pour
Emmanuel Pinto, psychiatre et addictologue. Il enseigne la neurobiologie des addictions à l’Université de Liège, et ses recherches se sont focalisées sur la génétique de l’alcoolo-dépendance. Je vous fais découvrir son texte sur addiction et pouvoir.
« La quête et l’exercice du pouvoir semblent par bien des aspects s’apparenter au parcours des individus développant petit à petit un syndrome de dépendance à une substance.
On connaît désormais bien les ressorts neurobiologiques qui sous-tendent le syndrome de dépendance aux substances psychotropes. La sollicitation répétée du circuit de récompense cérébral entraîne petit à petit une forme de parasitage des fonctions vitales destinées à maintenir l’équilibre de l’individu, au profit de la consommation qui devient progressivement incontrôlable. Cette perte de contrôle constitue le cœur du phénomène de dépendance. Une vulnérabilité individuelle conjuguée à des éléments environnementaux contribue à fragiliser certains individus et à les rendre plus susceptibles de développer une addiction, à un produit mais aussi à un comportement.
Les dépendances comportementales sont en effet multiples (dépendance au sexe, à internet, au jeu, etc…) et font globalement intervenir les mêmes mécanismes psychologiques et biologiques que les dépendances aux psychotropes.
À voir combien certains hommes politiques ou grands patrons s’investissent dans des courses effrénées aux investitures, mandats ou autres honneurs sous couvert de leur passion du bien public ou de leur esprit d’entreprise, négligeant ainsi petit à petit des pans entiers de leur vie personnelle et développant en cas d’échec des réactions que l’on pourrait qualifier de dépressives, il serait légitime de s’interroger sur la nature addictive du pouvoir, enjeu le plus souvent caché de la démarche politicienne.
Sans préjuger de la sincérité de l’action de la plupart des hommes et femmes de pouvoir, il est intéressant de relever combien, comme une drogue, le pouvoir, sa conquête et son exercice sont désinhibants. Des individus effacés durant leur enfance ou leur adolescence semblent y trouver un espace leur permettant de s’affranchir d’un bon nombre de freins personnels, d’une pression sociale ou d’éléments anxieux. De même, et des « affaires » récentes le confirment, le pouvoir constitue un puissant aphrodisiaque venant potentialiser un fantasme de puissance sexuelle, de toute puissance et d’impunité, ce que peuvent décrire les consommateurs de certaines drogues.
Si l’on s’attache par ailleurs aux critères du syndrome de dépendance des manuels de psychiatrie, on pourrait être aisément tenté de les appliquer en partie au comportement des hommes de pouvoir :
La quête et l’exercice du pouvoir semblent donc par bien des aspects s’apparenter au parcours des individus développant petit à petit un syndrome de dépendance à une substance. Sans entrer dans la caricature, on peut ainsi estimer avec François Mitterrand que, souvent, « ce qui intéresse l’homme politique (…) ce n’est pas l’argent. C’est le pouvoir. Il ne pense qu’à ça tout le temps, jour et nuit. S’il passe ses dimanches à serrer des mains, écouter des raseurs ou faire de la route, c’est pour le pouvoir. S’il sacrifie tout, sa famille, sa santé, sa dignité, c’est toujours pour le pouvoir. Il gâche sa vie pour être conseiller général ou président de la République ». Avant lui, Napoléon, qui s’y connaissait lui aussi, avait pu écrire que « la manie de régner sur les esprits est la plus puissante de toutes les passions »… »
Emmanuel Pinto
Publié le 28 février 2015 par pmx
L’expérience du sevrage numérique, pratiquée pendant 90 jours par le journaliste Pierre-Olivier Labbé m’a interpellé pour écrire cet article sur le gavage in-esthétique de notre Peau. « La Peau est à l’image d’une étoffe précieuse, à la fois robuste et fragile, drapant notre corps et notre Moi. Elle tisse les frontières du temple de notre intériorité, ourlée d’une foultitude de boutonnières ouvertes sur notre berceau originel1». Nous vivons une dé-connection avec la notion de beauté naturelle unique, et sombrons dans une hyper-connection avec une beauté artificielle clonée.
Il est impératif d’exprimer un visage jeune et pétillant, techniqué, instrumentalisé, bronzé, tatoué. « Être, c’est être maintenant », écrivait Marcel Conche. L’immanence, ou « le tout, tout de suite », exprime les nouveaux crédos de l’homo « consumérans2 » des temps postmodernes3 qui évolue dans son nouveau biotope sociétal, qu’est le présentéisme. La société du désir, du plaisir, du paraître, de la jouissance, du jeu, des « affoulements », des « tribus » nous convoque dans une consommation esthétique immédiate, addictive et de plus en plus précoce, au risque de nous consumer prématurément. Notre Peau est aujourd’hui plongée dans la nébuleuse de l’hypermarché du paraitre, devenue ainsi « dépendante » de la turbo-marchandisation globale, et d’une nano-chronologie vertigineuse dirait le philosophe de la vitesse Paul Virilio, comme si le temps s’accélérait4. Nul ne veut subir la tyrannie du temps. Le paradoxe est que nous évoluons dans un temps sans temps pour soi, la loi su 24/7 impacte5 nos épidermes à la recherche de cette beauté gadgétisée, clonée, lisible. Les temples des marchands de l’apparence se multiplient de façon tentaculaire, et secrètent un pandémisme esthétique contagieux.
Notre société du « toujours plus » artificialise, et financiarise le soleil. « Les marchands de soleil » prospèrent en nous faisant la peau. Ils lancent des campagnes publicitaires arrogantes, intrusives et dévastatrices sur le plan sanitaire. C’est un lobbying puissant, organisé avec comme chef d’orchestre un syndicat national des professionnels du bronzage en cabine. Ceci représente une manne financière en moyenne de 231 millions d’euros pour le marché français. Un pool de 16000 cabines irradie un marché économique à croissance exponentielle, soit un 1 cabine pour 2.25 communes en France. Alors la Peau « s’apoptose » lentement et insidieusement : elle devient brûlée, bronzée, cuivrée, chocolatée, terne, ridée, fripée, flétrie, ptosée, lisible et décodée. Ces temples du bronzage, fabriquent de façon exponentielle les futurs cancers cutanés.
« Les voleurs de beauté » dirait Pascal Bruckner, sculptent nos visages et nos corps sous l’angle du prisme technico-scientifique et culturel. Le marché de l’esthétique médicale affiche une excellente santé avec une croissance de plus de 7%, qui devrait se poursuivre jusqu’en 2019. Un chiffre record de 5,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires est retenu pour 2014, dans le monde pour l’ensemble du secteur. Cette invasion de « l’esthétisation 6» du globe est galopante, contagieuse, un taux de croissance de plus de 13,2 % est attendu en Asie pour 2015. Là encore le paradoxe est de rigueur, la Peau est tenaillée entre l’Avoir et l’Être. La souffrance est le prélude au plaisir de l’Avoir : elle est masquée, suspendue, tirée, lissée, décapitonnée, dé-lipidée, dépilée, implantée, décolorée, abrasée, piquée, injectée, botoxée, comblée, volumée, liftée, laserisée, lisible et décodée.
Les artistes du Skin Art, érigés au tître de maîtres tatoueurs écrivent vos passions sur un épiderme parfois en recherche d’identité. Ils opèrent aussi sous une bannière organisée intitulée : le syndicat national des artistes tatoueurs regroupant environ 2000 imprimeurs cutanés, revendiquant le statut professionnel d’artiste, afin de vous métamorphoser en œuvre vivante et mouvante. La encore la Peau sera piquée, injectée, encrée, multicolorée, tachée, lisible et décodée.
L’heure est venue de dessiner soi-même son « apparence », sans influence médiatique normative, aliénant, fixant et figeant notre expression unique, secrète, temporelle et non codable. Enfin redevenir Soi, en cultivant une « sobriété esthétique heureuse7 », choisie, enrichie d’une intériorité vibrionnante, mettant en déroute les faussaires d’une beauté soumise.
« La vraie Beauté est celle qui va dans les sens de la Voie, irrésistible marche vers la Vie ouverte, excluant la beauté comme outil de tromperie ou de domination 8» écrit François Cheng.
Dr Patrick Moureaux
Bibliographie
Publié le 11 mai 2014 par pmx
La pertinence de cet article est d’aborder ce thème sous un angle sociétal et médiatique, et de tenter de composer quelques réponses et de ne pas se limiter à un discours de constatation standardisée. La rhétorique médiatique concernant la consommation des neuroleptiques en France excelle par sa récurrence inépuisable. Ce vacarme improductif doit s’éteindre et se recycler dans la recherche et l’édition des paramètres qui déterminent ce comportement sanitaire addictif. Elle n’offre en rien la moindre solution thérapeutique pour atomiser ce fléau psycho-politico social majeur. Ce mal-être collectif est environnemento-dépendant. Il trouve sa genèse dans un biotope politiquement aménagé de façon durable, avec une harmonie clanique consensuelle, déconnectée, aujourd’hui altérée.
« L’Homo Sapiens des temps postmodernes » tant décrit par Michel Maffésoli, est en quête d’identité. Il prend conscience que son Avenir se situe à un carrefour évolutif, un temps de « réarrangement » dirait Jean-claude Guillebaud, voir de « métamorphose » pour Edgar Morin, afin de ne pas sombre dans « l’abîme ».
Mais avant de se re-définir pour ne pas en finir, il est vital d’avancer et assurer au mieux sa quotidienneté en diluant ce mal-être individuel et collectif.
Pour l’heure, il est stressé, harassé, hérissé, pressé, compressé, oprressé, mal mené, déprécié, mal aimé, déprimé et terrassé. Notre société demeure anxiogène et génère, cette assistante moléculaire, par une consommation vertigineuse de neuroleptiques.
Nous sommes englués dans le magma de la complexification socio-économico administrative, fossilisant toute innovation et progression individuelle et collective. Son impact se caractérise par sa croissance inégalée, qui se situe aux antipodes de la dégradation abyssale des autres secteurs de la vie publique comme la perte de confiance dans le institutions, le chômage exponentiel etc. Ce magma s’immixie de façon insidieuse et tentaculaire dans nos modes de vie pluriels et parcellisés, en les fragilisant et en précarisant notre qualité de vie. Cette atomisation orchestrée, politiquement validée de notre bien être et de notre « être ensemble » nous oblige à nous glisser dans une combinaison chimique de survie, assurée légalement par les neuroleptiques, le tabac, l’alcool, et illicitement par les drogues.
Nous avançons sous influence médiatico-politique et celle des communicants, en instillant en continu du pessimisme, de la noirceur, de la peur, de l’opposition, biotope manipulateur qui valide et pérennise le tandem délétère.
Notre paysage social quotidien et contemporain est tatoué par : immédiateté, immanence, présentéisme, performance, cadence, carence, le paraître, mission, rémission, démission, répression, sanction, pénalité, dés-affection, dépression, méfiance, défiance, déliance, transparence, inexistence. Le TOUT qui nous propulse dans le no man’s land du RIEN.
Pour preuve, un exemple concret, le chômage foudroie 26% des jeunes 18/25 ans en France, pourvoyeur d’un malaise générationnel, celui-ci ne devrait en rien exister et imposerait une orientation anticipatrice, un bilinguisme en fin de secondaire, un parcours coaché, adapté et validé, des campus universitaires à la Coréenne, un mécénat entrepreunarial salvateur et innovateur, voilà un sens à prodiguer à une réelle justice sociale. Un second exemple, ce sont les cadences infernales, poly-traumatisantes des ouvrières dans le secteur agroalimentaire, induisant aussi des désagréments esthétiques, fonctionnels et psychologiques. Nous pourrions multiplier ces situations de difficultés psychologiques, incitant à les diluer par une prise de neuroleptiques ou autres substances.
Il me parait de bon aloi pour réduire cette consommation tant décriée de neuroleptiques, d’organiser un GRENELLE DE LA REFONTE DE NOTRE QUOTIDIENNETE, délesté de toute empreinte politique (72% des Français ne font pas confiance aux responsables politiques selon un sondage Harris réalisé en ligne en mars 2013) et syndicale (avec seulement 8% de représentativité). Il vous faut devenir votre propre chef d’orchestre et écrire votre propre symphonie en harmonie avec les autres, en proposant des réponses humaines et non artéfactielles (chimiques) à notre malaise collectif, contagieux et transmissible. Notre vivre ensemble est obsolète, archaïque, voire néolithique car inadapté à notre spirale évolutive, consumériste et gadgétisée. Nous devons relier les acteurs de notre quotidien afin de redéfinir un projet collectif symbiotique. Bannissons : défiance, méfiance, divergence, opposition, et construisons. « Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse » (discours de Suède 10 décembre 1957 : Albert Camus)
Soyons plutôt Darwinien, innovateurs que Lamarkien en ne subissant par notre quotidienneté. Désormais, « Face au monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement », maxime exprimée par Francis Blanche, l’humour transcenderait-elle les crêtes sommitales et neuronales du pouvoir décideur aussi pluriel soit-il ?
Patrick Moureaux