La mort « assistée » de la Médecine Libérale est-elle déjà programmée ? Quel est ce mal indéfinissable anti blouses blanches, insidieux, qui contamine l’esprit décisionnel politique, toute étiquette idéologique confondue, en l’inoculant de façon durable au corps médical, afin de le précipiter vers une issue fatale.
La gravité du pronostic vital de notre système de soins est indubitablement liée au déficit de connaissance du décideur à la fois de la quotidienneté des professionnels de Santé et des besoins contemporains des patients. La France, financièrement exsangue, victime des hémorragies budgétaires répétées et non maitrisées par le corps politique, relève d’une thérapie innovatrice, réaliste, consensuelle, efficace « pour tous » afin d’assurer la survie de votre système de soins.
Notre pratique s’articule sur deux piliers fondamentaux ; le libre choix du praticien et les honoraires libres. Ces fondations s’effritent pour des raisons plurielles ; une démographie médicale se réduisant, une population grandissante (plus de 10 millions de Français en 30 ans), une redistribution du temps de travail, une redéfinition culturelle de cette même notion, des protections sociales obsolètes non rénovées, la transformation de la Médecine en produit de consommation banal notamment en introduisant une TVA sur certains actes. Le médecin transcende cette vision, au profit d’une qualité éthique et empathique, exprimée dans sa relation avec le patient. Mais il ne peut occulter son regard de gestionnaire imposé d’un trait monolithique par le pouvoir politique. L’organisation de la Médecine Libérale mérite une renaissance, et ce, dans une dynamique Darwinienne. Il faut oser innover un système de soins adapté à la « société des modes de vie » selon l’expression de Jean Viard, se substituant aux normes antérieures. Aujourd’hui l’Homo Sapiens évolue dans une quotidienneté stressante, oppressante, harassante, imprimant un rythme vampirisant et anxiogène, qui génère un comportement consumériste sanitaire compensateur, excessif et pathogène, redéfinissant ainsi nos souffrances contemporaines. Le service médical rendu doit prendre en considération ces nouvelles composantes et proposer des solutions collégiales « pour tous ».
Afin de réduire la pénurie de médecins, validons de nouveaux statuts de mode de travail, en mettant en place le contrat professionnel de « Praticien Libéral salarié » qui intégrerait une structure déjà ancrée , ce qui permettrait d’absorber le nombre des jeunes diplômés, angoissés par la complexification gestionnaire libérale, et par les faire devenir immédiatement opérationnels, parrainés et formés dans leurs premiers pas de médecins. L’installation d’un praticien aurait dû depuis moult années, s’opérer de cette façon, non anarchique, offrant ainsi un accès durable aux patients et éviter toute désertification (90% des nouveaux diplômés ne souhaitent pas s’installer en exercice libéral)
Il est impératif de refondre un seul mode de pratique, une Médecine unique, qu’elle soit urbaine ou rurale, parisienne ou provinciale, délestée de tout secteur d’exercice. L’enseignement universitaire délivré est similaire et standardisé. Ainsi les honoraires seraient adaptés et proportionnels à la prestation demandée et délivrée, en déplaçant un curseur sur une échelle de coût, établie, encadrée, validée, et lisible pour le patient.
Enfin s’impliquer collégialement dans une dynamique pédagogique préventive, pilotée et protocolée par les professionnels de Santé. L’heure est venue de développer la notion « d’écologie médicale comportementale » La Santé ne se résume pas à la gestion protocolaire de la maladie, il faut axer nos stratégies pour l’éviter. Oeuvrons pour réduire le nombre de patients en introduisant l’enseignement de la Santé humaine dans les programmes de SVT (sciences de la vie et de la terre) au sein des différents niveaux scolaires ; primaire, collège, lycée, et les deux ans post-bac, à haut risque sanitaire, en s’articulant avec l’expertise des professionnels de l’Education. La programmation serait standardisée et unique pour tout l’hexagone. Ainsi nous améliorerons la qualité de vie « de tous » et réduirons le célèbre déficit abyssal de la sacro-sainte Sécurité sociale.
Devenons acteur de notre projet professionnel en respect pour les patients. Cessons de subir les décisions hégémoniques, monolithiques, mimétiques, archaïques et fossilisantes. « ALORS OSONS » 1 nous impliquer pour œuvrer dans la transmission d’un système de soins d’excellence et efficient pour nos enfants. Alors nous souhaitons Longue vie à la Médecine Libérale.
Dr Patrick Moureaux 1
Praticien Libéral Dermatologue à Vannes 56000
Médecin essayiste www.sciencespeau.fr
(« ALORS OSONS » 1 essai publié aux éditions Amalthée octobre 2012)